1) Vous avez réalisé des essais comparatifs entre des baffles acoustiques standards et les baffles à membranes externes. Pouvez-vous d’abord nous éclairer sur leurs conceptions respectives ?
Le baffle standard est constitué d’une simple plaque de matériau fibreux d’une certaine épaisseur placée dans le sens de l’écoulement d’air. Les deux faces de la plaque constituent des absorbants acoustiques qui permettent d’atténuer les bruits transmis dans la gaine de ventilation. Le silencieux complet est constitué d’un ensemble de baffles parallèles et son efficacité dépend de l’épaisseur des baffles et de leur espacement (voies d’air). Généralement, ces dispositifs permettent de réaliser de très bonnes atténuations dans les moyennes et hautes fréquences mais sont mal adaptés au traitement des basses fréquences.
Le baffle à membrane externe est présenté comme une solution permettant de compenser ce déficit de performance dans les basses fréquences mais il s’avère que c’est assez peu vérifié en pratique. Sa conception est basée sur l’ajout d’une plaque métallique occultant la moitié de chaque face du baffle, ces plaques étant placées en quinconce. De part sa conception, ce principe prive le baffle de la moitié de sa surface absorbante, ce qui se retrouve sur les performances mesurées dans les moyennes et hautes fréquences. Dans le domaine des basses fréquences, les performances sont très dépendantes de l’espacement entre les baffles (voies d’air). Ce n’est que pour des espacements très réduits que les performances deviennent réellement supérieures aux baffles classiques. Mais cela concerne des conditions de mise en œuvre très défavorables du point de vue aéraulique puisqu’elles s’accompagnent de fortes pertes de charges du réseau.
2) Quelles types de mesures ont été prises et sur quel type de matériel ?
Les différentes campagnes d’essais que nous avons pu réaliser sur ces deux types de silencieux à baffles ont été conduites sur un banc de test conforme aux préconisations de la norme ISO 7235, qui est la référence dans ce domaine. Par ailleurs, pour le domaine très particulier des basses fréquences nous avons également réalisé des mesures complémentaires permettant de pallier aux fortes incertitudes de la méthode normalisée. Ces méthodologies complémentaires ont fait l’objet de publications notamment dans la revue « Acoustique et Techniques ».
3) Quelles sont vos conclusions ?
Sur la base des mesures comparatives que nous avons réalisé et de la compréhension que nous avons des principes acoustiques en jeu, il ressort assez clairement que les baffles à membranes externes ne représentent pas une solution réellement efficace pour améliorer l’atténuation des basses fréquences. Comme par ailleurs ils perdent une partie de leur efficacité dans les moyennes et hautes fréquences, le bilan est plutôt négatif.
4) Est-ce qu’il y a une solution réelle pour atténuer les basses fréquences ?
Aujourd’hui, il n’existe pas de solution spécifique au problème des basses fréquences. En pratique, la seule option consiste à utiliser des baffles de fortes épaisseurs installés dans des silencieux de grandes dimensions de manière à préserver un passage d’air suffisant du point de vue aéraulique.